MISSION ENVIRONNEMENTALE MOANA NUI :
ORIGINES ET OBJECTIFS
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AUX ORIGINES DU PROJET MOANA NUI
HAWAI’I 1999… Je suis en reportage, sur les traces de derniers « Maître-Navigateurs » Polynésiens.
Plusieurs mois dans le Pacifique m’auront été nécessaire pour réellement percer le mur culturel qui nous sépare, nous autres «occidentaux», des gens du Pacifique, des peuples de MOANA NUI, le « Grand Océan ».
Car notre univers, majoritairement terrestre, est juste le « négatif » de l’univers majoritairement liquide des polynésiens et océaniens.
C’est l’immense écart géographique et culturel des deux planisphères occident/Pacifique qui doit être comblé…
Mais dès que ce plafond de verre fût brisé, je découvris non seulement une richesse humaine et culturelle infinies, mais aussi des savoirs plusieurs fois millénaires, propres à répondre à nos enjeux environnementaux modernes.
De retour en France, je passais un DEA d’ethno-écologie sur le thème de cette renaissance de la Navigation Traditionnelle et de ses enjeux environnementaux.
En mission pour l’UNESCO, puis multipliant les enquêtes « terrains », en Polynésie française, aux îles Cook, en Nouvelle Zélande ou encore à Hawaï, j’approfondis ma connaissance de ces savoirs ancestraux de gestion pérenne des environnements océaniques et insulaires.
Les nombreuses amitiés indéfectibles que j’y nouais me furent d’une aide précieuse pour décrypter la subtilité de ces concepts, aussi « novateurs » qu’holistiques, de relation avec la Nature.
L’idée commença a émerger en moi : ce diamant que je percevais au travers de la navigation polynésienne venait de sortir de sa gangue.
Les valeurs et savoirs ancestraux du Pacifique pouvaient nous aider à sauver nos océans : le projet MOANA NUI était né.
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COMMENT EST NÉE LA PREMIÈRE « TRANSITION ÉCOLOGIQUE » DE L’HISTOIRE DU MONDE
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Représentation d’un « Maître-Navigateur » polynésien. Ces experts en navigation, étaient aussi de véritables détenteurs de savoirs écologiques.
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Des peuples venus d’Asie, entre – 50 000 et + 1200 de notre ère explorèrent puis habitèrent le Pacifique en plusieurs vague.
Cet incroyable exploit des temps immémoriaux a pu s’accomplir grâce à des techniques de navigation traditionnelles, connues de ceux qu’on appelait les « Maître-Navigateurs ».
Ces Maître-Navigateurs, respectés et adulés, pouvaient ainsi parcourir des milliers de kilomètres en plein océan, grâce leurs connaissances intime, presque symbiotique, de leur environnement océanique et insulaire.
Les étoiles, les vents, les courants, les déplacements de la faune aviaire, la migration des mammifères marins, l’observation des nuages ou encore le niveau de salinité de l’eau étaient autant d’indices qui leur permettait de s’orienter et d’atteindre leurs destination, parfois une île minuscule au milieu de l’océan.
Pourtant, sans doute grisés par l’immensité bleue, par toutes ces terres fertiles qu’ils trouvaient toujours devant eux, ces peuples commencèrent à surexploiter l’océan, à appauvrir les îles, à massacrer les faunes maritimes et insulaires.
Or, à mesure qu’ils s’enfonçaient toujours plus loin vers l’Est, les terres étaient de plus en plus rares, de moins en moins fertiles, alors que leurs populations ne faisait que s’accroître.
Arrivés dans la zone Samoa/fidji/Tonga, la crise devint de plus en plus grave : la raréfaction des ressources par destruction de l’environnement aboutît à des tensions sociales et économiques, et à des guerres.
Au bord de l’effondrement, ces peuples océaniens effectuèrent alors un grand virage que nous pourrions aujourd’hui qualifier « d’écologique ».
De nouvelles façon de vivre furent instaurées, plus respectueuses de l’environnement, une nouvelle cosmogonie émergea au cours des siècles, posant l’Homme à égalité avec la Nature qui le nourrissait.
Les océaniens avaient compris que la seule façon de pérenniser leur vie sur une île, c’était de trouver un mode économique qui était en fait le développement durable, avant l’heure
Christophe Sand – Directeur de l’Institut Archéologique de Nouvelle-Calédonie et du Pacifique
Membre du Comité Scientifique MOANA NUI
Des Rahui, des Tapu (interdictions et « jachères » de pêches sur certaines périodes ou certaines espèces) furent instaurées, des techniques de pêches et de pisciculture préservant les stocks furent mises en place, la culture sur brûlis fût bannie au profit de la culture en terrasse.
Grâce à cette nouvelle gestion « durable », ces peuples purent maintenir des densités de populations élevées sur de petites îles, et devenir résilients en cas de catastrophe naturelle, comme les cyclones ou les montées des eaux.
Les premiers explorateurs occidentaux arrivant en Polynésie, y découvrirent un véritable Eden : des peuples vivant en symbiose avec la Nature.
Partant d’un effondrement inéluctable, les peuples océaniens, polynésiens arrivèrent à créer une résilience, qui fût source de progrès écologique, social et même technologique : de grandes pirogues toujours plus performantes commencèrent à sillonner MOANA NUI, le « Grand Océan », le Pacifique, pour commercer, échanger, et aussi diffuser les bonnes pratiques de gestion environnementales aux quatre coins du Pacifique.
Ainsi naquît le tout premier « Développement Durable », la première « Transition écologique » de l’Histoire du Monde.
Il amena équilibre social et prospérité à ces peuples, dont les premiers explorateurs Européens ne purent que constater les effets lors de leur premiers voyages : des populations saines, robustes, enjouées et créatives, ayant réussi à créer un empire océanique durable.
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LES SAVOIRS DES ANCIENS PEUPLES DU PACIFIQUE :
DE L’ÉCOLOGIE ORIGINELLE, ORIGINALE ET PRAGMATIQUE
L’immense avantage qu’avaient les peuples du Pacifique dans la mise en œuvre de ce « développement durable » des temps immémoriaux, c’était leur connaissance intime, multi-millénaire et holistique des cycles, des écosystèmes et des éléments marins, insulaires et climatiques du plus grand océan du monde.
Ces connaissances profondes qui leur permettaient de s’orienter sans la moindre erreur dans leurs navigation trans-océaniques, étaient les mêmes qui leur ouvrirent la voie vers une coexistence productive, résiliente et durable avec la Nature.
Ces connaissance précises, complexes formaient un corpus de savoirs riches, et d’un pragmatisme redoutable d’efficacité.
Un peu à l’image de ces grands VAKA qui ne ressemblaient en rien aux bateaux conçus partout ailleurs dans le monde, les techniques de gestion ancestrales reposaient sur des concepts uniques, parfois éloignés de nos méthodes de gestion environnementales.
Pour autant, elles poursuivaient le même but : l’optimisation des ressources disponibles pour faire prospérer des populations importantes, en garantissant leur santé, leur alimentation, leur bien-être et leur environnement.
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..Les Tahunas les détenteurs de savoirs écologiques de gestion des environnements océaniques et insulaires diffusèrent leurs bonnes pratiques dans tous le Pacifique grâce aux flottes de VAKA, leurs grandes pirogues de voyage.
Yves Hénocque (IFREMER, Fondation de France), Aulani Wilhelm (CONSERVATION INTERNATIONAL, Hawaï), Cécile Gaspar (Te Mana O Te Moana), Sam Ohu Gon (THE CONSERVANCY OF HAWAII), Eve Isambourg (Sciences Po) : sur la mission environnementale MOANA NUI.
LA MISSION ENVIRONNEMENTALE DE MOANA NUI :
RETROUVER CES SAVOIRS
Ces savoirs complexes ont traversés les âges.
Ils sont parfois mis à mal par les pratiques et organisations sociales et économiques modernes.
Les derniers détenteurs de ces connaissances ont de plus un sentiment de méfiance vis à vis des scientifiques occidentaux, dont ils pensent parfois qu’ils vont « voler » leurs savoirs.
Enfin, ces détenteurs de savoirs traditionnel se font de plus en plus rare. Comme les « Maître-Navigateurs », les « Maître-Pêcheurs » et autre « Tahuna » (détenteurs de savoirs) sont en voie de disparition…
La Mission de MOANA NUI sera de trouver ces détenteurs de savoirs précieux pour notre avenir, grâce à des études de terrain ciblées, mêlant biologie/écologie et ethnologie.
Ces études thématiques sont en cours d’élaboration au sein de notre conseil scientifique.
Les concept d’Ahupua’a – divisant l’île et l’océan en « unités de gestion » allant du sommet au proche large, les Rahui et Tabu (jachères de pêche), l’utilisation de bois endémiques pour endiguer la montée des eaux, la compréhension profonde des cycles biologiques, de reproduction, de migration, sites par site, espèces par espèces, et tant d’autres concepts orignaux seront retrouvés à l’occasion de l’expédition MOANA NUI.
Au cours de l’Odyssée MOANA NUI, scientifiques et détenteurs de savoirs écologiques traditionnels devront échanger et collaborer pour une meilleure gestion des océans.
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LES ACTUALISER,
Une fois recueillis, ces savoirs seront étudiés et testés sur des « éco-sites » MOANA NUI, potentiellement en Nouvelle-Calédonie, aux Fidji et en Polynésie française.
Cette période de « tests » sera surtout l’occasion d’amorcer une véritable collaboration entre scientifiques et détenteurs de savoirs traditionnel du Pacifique, dont le but sera non seulement de définir des protocoles communs « sciences/traditions », mais aussi d’ôter toute défiance réciproque en faisant converger les cultures occidentales et océaniennes vers un but commun.
Schéma des différents types de pêches lagonaires résilientes : leur impact positif sur l’environnement et les stocks sera analysé et actualisé aux sein des éco-sites MOANA NUI.
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LES APPLIQUER, au cœur des aires marines protégées, dont la gestion parfois complexe, parfois trop dépendante de décisions non-locales, voient leur avenir parfois remis en cause, y compris localement.
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Le concept traditionnel polynésien d’Ahupua’a est original et riche d’enseignements pour la gestion des espaces insulaires, côtiers et océaniques. Il prend en compte la totalité d’unités de gestion environnementale découpées en « parts de gâteau » depuis l’amont d’une île jusqu’au proche large, avec pour but d’en assurer la pérennité et la cohérence globale.
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Le mix sciences/traditions que propose MOANA NUI garantira une gestion plus durable de ces aires marines – et terrestres – protégées, s’appuyant désormais sur le meilleur des solutions écologiques ancestrales, allié au meilleur des sciences environnementales modernes.
MOANA NUI contribuera ainsi à la bonne gestion, à la pérennisation et à la mise en réseau de ces aires marines protégées, dont dépendent notre climat, notre environnement, notre avenir.
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LES DIFFUSER
Ces protocoles de gestion s’inspirant largement des techniques ancestrales, auront vocation à être diffusés dans tout le Pacifique, puis progressivement dans le reste des océans.
Pour ce faire, des conférences, des actions de sensibilisation seront menées dans tout le Pacifique – puis bien au-delà ! – pour diffuser ces bonnes pratiques, dont les ambassadeurs seront nos VAKA, symboles de la protection des océans.
Workshops locaux et conférences internationales contribueront à diffuser les concepts originaux de MOANA NUI en matière de protection des océans.
Sans compter les reportages, les différentes actions de communication , ou encore une fondation MOANA NUI pour la sauvegarde des océans dont la création pourrait être envisagée.
Cette collaboration sciences/traditions, indispensable techniquement, socialement et économiquement, nous permettra d’écarter les fausses bonnes solutions… Et de les remplacer par de vraies bonnes pratiques… »
Christophe Mercier – fondateur du projet MOANA NUI